L’année dernière, j’ai participé à mon premier trail de montagne. Cela faisait plusieurs années que l’idée me trottait dans la tête mais je n’avais jamais eu le courage de me lancer dans l’aventure.
J’ai fait le tour des courses existantes dans les Pyrénées, chaîne de montagnes la plus proche de chez moi, et deux courses m’ont fortement intéressé. Il s’agit du mythique Grand Raid des Pyrénées, le GRP pour les intimes et du Gavarnie Trail dont c’est seulement la deuxième édition.
Le tour de Néouvielle du GRP (45km) étant complet (ce n’est que partie remise puisque je m’aligne sur le 80km cette année !), j’ai finalement choisi le Gavarnie 360, un 45km aussi.
Concernant l’hébergement, il faut s’y prendre très tôt, les hébergements sont vite pris d’assaut par les participants de toutes les courses donc l’offre se réduit très vite.
De notre côté, nous avons opté pour une chambre d’hôtes, chez Mimi et Nico, située un peu avant Gèdre (c’est un petit village situé sur la route de Gavarnie), à environ 15 minutes du départ de la course.
En ce qui concerne l’entraînement, je dois avouer que mon planning était assez (trop) léger. Habitant dans les Landes dont le point culminant est à 237m d’altitude, pas facile de trouver de quoi s’entraîner à grimper. J’avais juste prévu une course en avril, la course du Laka dans le Pays Basque, une course de 20kms avec 1300D+.
Cette course, je l’ai trouvé vraiment dure, ce qui n’a rien fait pour me rassurer sur mes capacités à finir un 40 bornes en montagne. J’ai clairement vu mes lacunes sur les descentes, ces dernières étaient tout de même très techniques, il faut le souligner.
Le début du mois de juin arrive et il est alors grand temps de se projeter sur la course. Je l’attends alors avec impatience et excitation. Beaucoup d’incertitude également puisque je ne sais vraiment pas comment vont répondre mes jambes avec le peu de dénivelé que je leur ai fait subir…
La pluie s’invite à la fête…
Le 8 juin, veille de la course, nous partons en direction de Gavarnie afin d’aller chercher les dossards et de recevoir les instructions sur le départ de la course le lendemain.
En arrivant à Gavarnie, pas de bol, il se met à pleuvoir… Le temps annoncé n’est franchement pas reluisant, ça promet…
La circulation dans le village est un immense bordel, nous mettons quasiment 1 heure pour pouvoir nous garer. Le village n’est clairement pas fait pour recevoir autant de monde, ça bouchonne assez vite et les gens se garent n’importe où le long de la route, ce qui empêche les deux sens de circulation…
Sous la tente, il y a beaucoup de monde, de longues files se créent aux retraits des dossards de chaque course.
Au bout de 20 minutes, le dossard enfin en main, nous repartons vers Gèdre pour prendre place dans notre chambre d’hôtes.
Le cadre dans lequel se trouve la chambre d’hôtes est idyllique, au milieu des montagnes, au calme, c’est très verdoyant. Il y a un camping en face avec de nombreuses tentes, très certainement des coureurs.
La chambre d’hôtes est très charmante, c’est une grande maison typique du coin. Les propriétaires sont très gentils et mettent à l’aise immédiatement. Notre chambre est à l’étage, tout en bois, ce n’est pas très grand mais largement suffisant et le bois donne beaucoup de charme à la chambre.
La propriétaire vient nous dire qu’elle laissera tout ce qu’il faut pour le petit déjeuner sur la grande table. C’est vraiment cool de sa part, étant donné qu’on se lève avant 5h du matin.
Réveil à 4h45, ça pique ! En arrivant dans le salon, quel bonheur de voir tout ce qui nous attend pour le petit-déj’ : jus de fruits, croissants, confitures, café, yaourts, tourtes, muffins, fruits… ! Nos voisins de chambrée sont déjà en train de prendre le petit déjeuner puisqu’ils participent à la même course que moi, c’est donc l’occasion de discuter un peu de ce qui nous attend.
Nous arrivons à Gavarnie à 5h30 pour le départ prévu à 6h. Je file sous la tente au départ afin d’aller faire vérifier mon sac.
Tout est en ordre quand j’entends l’organisation annoncer que le départ est décalé de 30 minutes.
Départ décalé de 30 minutes, parcours raccourci…
À 5h50, je suis sur la ligne de départ, plus que 40 minutes à attendre… À 6h15, la pluie s’invite à la fête… Au loin, sur les flancs des montagnes, on aperçoit les frontales des participants du 110km. Le jour commence doucement à se lever mais avec ce temps très couvert, la luminosité reste assez faible. L’organisation annonce que le premier col a été raboté, car le temps est vraiment mauvais là-haut et qu’il y a beaucoup trop de vent. Ça s’annonce bien !!
À 6h30, le départ est donné ! Ça part relativement vite, on passe dans le village puis on longe le gave de Gavarnie dans un sens puis dans l’autre. Les trois premiers kilomètres sont plats.
Au 3e kilomètre, les choses sérieuses débutent ! Ça attaque direct sur des monotraces avec des pentes > 15%. Le gros problème, c’est que les 3km n’ont pas suffi à étirer le peloton de coureurs, et donc ça bouchonne. 30 secondes après le début de la montée, nous sommes tous à l’arrêt !
L’occasion de discuter et d’échanger dans la bonne humeur : il vaut mieux prendre ça à la rigolade !
Ça bouchonne dès la première ascension !
La montée est assez difficile, ça monte en lacets, c’est assez boueux.
Après 350m de dénivelé, le tracé bifurque à droite et c’est parti pour une descente bien folklorique dans des monotraces très boueuses et très casse-gueule ! Initialement, la montée devait faire + de 900m de dénivelé, pas mécontent qu’elle ait été raccourcie !
Je manque par deux fois de me vautrer lamentablement dans la descente, la pluie redouble d’intensité et le terrain devient vraiment difficile. Sitôt remis de mes émotions de ces chutes évitées que nous croisons un troupeau d’ânes qui veut se mêler à la course !
Entre les trombes d’eau, les ânes qui bloquent la route et le terrain qui se transforme en patinoire, la course vire un peu au burlesque !
De la boue en veux-tu en voilà !
Arrivés en bas, on traverse le gave pour franchir le premier checkpoint. C’est le gros bazar au niveau du checkpoint puisqu’on croise en sens inverse les participants du 75km. Certains disent qu’il faut badger les dossards, d’autres non. Au bout de 30 secondes, voyant la foule qui s’agglutine, je décide de passer mon chemin. Le fait d’avoir raccourci le premier sommet nous a fait arriver en même temps que les participants du 75km, ce qui n’était pas prévu au départ, d’où la confusion.
Une fois passé ce léger flottement, on entame la montée vers la station de ski !
Quelques couacs d’organisation
Le début de l’ascension est absolument superbe, avec une vue imprenable sur le cirque de Gavarnie. La pluie commence à se faire plus rare, du coup, j’ai chaud et je perds un temps fou à enlever ma veste imperméable qui s’est coincée avec le camelbak (ne me demandez pas comment, je ne sais toujours pas comment j’ai fait !).
L’ascension vers la station est hyper agréable, les pentes sont relativement douces et on a constamment une vue dégagée sur la vallée.
Je mets 1h15 à arriver au checkpoint de la station de Gavarnie. J’ai pris vraiment beaucoup de plaisir dans cette partie, espérons que ça dure !
J’en profite pour refaire un stock d’eau et je m’alimente avec tout ce que je trouve sous la main !
En face, j’aperçois ce qui m’attend, ça a l’air de grimper de manière assez franche !
Finalement, il n’y a que 200m de dénivelé avant que le sentier ne redescende de l’autre côté. La descente est un peu périlleuse mais le terrain est en bien meilleur état que la première descente.
On longe ensuite le gave d’Ossau quand la pluie refait son apparition !
J’atteins le plateau de Milhas en 3h30 de course. Malgré la pluie, le moral est au beau fixe, les jambes répondent bien ! Cerise sur le gâteau, le temps se dégage un peu et nous jouissons d’une vue absolument superbe sur le plateau et ses belles cascades.
Je repars gonflé à bloc après quelques minutes d’arrêt au checkpoint et tout de suite, le chemin se met à grimper fortement. J’avale le premier kilomètre sans trop me poser de questions, ça tire un peu sur les jambes mais je me dis que la pente va bien s’adoucir assez vite.
Grosse erreur ! Ça continue à grimper fortement et au bout d’un moment, j’aperçois alors le reste de la montée et là, c’est la douche froide. Non seulement, ça continue à grimper avec un pourcentage de pente équivalent mais en plus, je suis très loin d’avoir bouclé ne serait-ce que la moitié de la montée ! J’aperçois tout là haut des silhouettes, c’est tellement lointain que j’ai l’impression que c’est une autre course !
C’est d’ailleurs à ce moment-là que les premiers ennuis physiques commencent ! Ma jambe droite commence à montrer des signes de faiblesse. Elle se raidit au niveau de la cuisse à chaque appui un peu trop prononcé.
Dernière ascension très difficile pour moi
Je m’arrête plusieurs fois pour essayer de faire partir la gêne.
Finalement, je décide de faire une pause pour manger, boire et m’étirer. Un Espagnol vient me demander si je peux le prendre en photo. Il me prend en photo à son tour et on se souhaite bon courage pour la suite de la course. Hyper sympa ces moments d’échange. Du coup, ça me remet d’attaque pour la suite de la montée. D’autant que je constate qu’il ne reste pas tant de distance que ça à couvrir jusqu’au sommet.
L’ascension se termine par des cailloux !
J’atteins le sommet après 4h50 de course, j’aurais donc mis 1h pour faire 3 kilomètres (600m de dénivelé tout de même soit 200m/km).
Au sommet, une surprise nous attend : de la neige au sol ! Eh oui, nous sommes à plus de 2200m d’altitude, ce n’est pas si surprenant que ça au final.
Après la boue, la neige !
C’est l’occasion de prendre quelques photos et de rigoler avec les autres coureurs. Ce que je ne sais pas encore à ce moment-là, c’est que la neige va être présente pendant quasiment 2km ! Et en descente !
Du coup, ça donne lieu à des situations assez cocasses : grosses gamelles, descentes sur les fesses, batailles de boules de neige !
Visuellement, cette alternance de paysages enneigés, rocailleux et verdoyants nous offre un magnifique tableau.
Le plus dur dans cette descente, c’est de courir en dévers sur la neige. En temps normal, je n’aime pas ça alors là c’est pire !
Revenu à des altitudes plus raisonnables, la neige se raréfie et le paysage se transforme de nouveau. Nous avons une nouvelle fois la chance de courir dans un panorama sublime. Les mauvaises sensations ressenties lors de la montée se sont envolées, je n’ai plus de gêne physique et le moral est au top ! Surtout qu’à partir de maintenant, ce n’est exclusivement que de la descente jusqu’à la ligne d’arrivée. Toutes les difficultés sont désormais derrière moi.
Nous avons la chance de traverser des paysages fabuleux
Nous repartons vers la vallée de Gavarnie avec une longue portion en monotrace. Les écarts entre les participants se sont creusés puisque je croise très peu de coureurs désormais. J’atteins le 3e checkpoint (30e kilomètre) en 6h15 de course.
La dernière partie nous propose une vue incroyable sur le village de Gavarnie et sur le cirque en arrière-plan. C’est pour moi la plus jolie vue du parcours, une sorte de récompense finalement. J’amorce le dernier détour avant l’arrivée au village, ça descend pas mal, l’occasion d’économiser les quelques forces qu’il me reste.
La dernière partie offre une vue imprenable sur le cirque de Gavarnie
La dernière partie nous fait traverser une forêt, j’entends le speaker du village, c’est bientôt fini !
Finalement, je clos la course en 7h22. Je finis 604e sur 793.
Il est 14h, j’ai fini mon premier trail de montagne, je suis heureux et j’ai sacrément la dalle ! L’entrecôte-frites m’attend et celle-là, elle est bien méritée !
Finalement, qu’est-ce que je retiens de cette expérience ?
L’ambiance est également différente, du moins à mon niveau. C’est moins la compétition, on se sent tous un peu dans la même « galère », il y a plus d’entraide et d’échanges (c’est aussi plus facile d’échanger quand on marche dans une montée que quand on est à 180bpm lors d’un 10km, c’est évident).
Concernant l’organisation, beaucoup de choses à redire même si pour moi dans l’ensemble, c’est très réussi. Je pense que c’est un peu trop ambitieux de proposer autant de distances pour un petit village comme Gavarnie. Quand les conditions météo s’en mêlent comme c’était le cas cette année, ça devient très compliqué à gérer.
C’est une course qui prend place dans un cadre exceptionnel, les paysages changent constamment et la vallée de Gavarnie est vraiment hors du commun.
Je vous laisse la vidéo que j’ai réalisée durant la course (je n’ai pas chômé pendant ces 7h22, hein !), j’espère que ça vous donnera l’envie d’y participer.
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Comme toi, cela faisait plusieurs années que je voulais participer à un trail, mais je n’ai jamais eu le courage de le faire. J’espère que je ferai mon baptême cette année-ci.
Très motivant pour mon premier trail qui sera celui là dans 2 semaines
Salut Anthony,
Ah yes tu vas te régaler, les paysages sont sublimes !
Espérons que le beau temps soit de la partie !